Un écrin caché entre mer et maquis
Imaginez un village suspendu entre ciel azur et maquis sauvage, où les plages semblent murmurées plutôt qu’indiquées, et où chaque ruelle semble garder un secret. Ici, le temps ralentit, la lumière s’adoucit, et le parfum du maquis se mêle au souffle iodé venu du large. Peu de visiteurs connaissent cette enclave préservée de la Balagne. Pourtant, une fois que l’on y met les pieds, impossible de ne pas tomber sous le charme.
Lors de mon dernier voyage en Corse, alors que je fuyais les foules estivales, un ami m’a glissé le nom de ce lieu presque à voix basse, comme un secret bien gardé. Il m’a dit : « Va là-bas, et tu verras… Tu oublieras les Caraïbes. » J’ai souri. Il avait raison.
L’Île-Rousse : plus qu’une station balnéaire
Ce village, c’est L’Île-Rousse. Souvent éclipsée par sa voisine Calvi, elle possède pourtant des atouts bien à elle : un charme discret, une atmosphère douce et des plages parmi les plus lumineuses de l’île. Dès mon arrivée, j’ai été frappé par l’allure colorée de sa vieille ville, ses ruelles en damier et ses places ombragées qui semblent tout droit sorties d’un autre temps.
Mais ce sont surtout ses plages qui m’ont coupé le souffle. La plage de Ghjunchitu, accessible par un petit sentier, est un ruban de sable blond caressé par une eau cristalline. À quelques minutes, Bodri m’a offert une baignade en solitaire, tôt le matin, alors que la brume se levait doucement sur les montagnes corses.
Et puis il y a Ostriconi, plus sauvage, encadrée par des collines verdoyantes, accessible par une petite route sinueuse. Le sable y est d’un blanc presque irréel. J’y ai passé une fin d’après-midi inoubliable, seul face à l’horizon, avec pour unique bande-son le ressac et le vent dans les genêts.
Une île, une tour, un sommet
Face au port, l’île de la Pietra m’a attiré comme un aimant. Il faut y aller au coucher du soleil. La lumière embrase les roches rouges, et le sentier qui mène à la tour génoise réserve un point de vue à 360° sur le golfe. J’y suis monté un soir d’août, l’appareil photo dans une main, un figatellu dans l’autre, et le souffle coupé — par la beauté plus que par l’ascension.
Le petit train qui longe la mer
Autre surprise : le Trinighellu, ce train à voie étroite qui relie les villages de Balagne en longeant la mer. Ce n’est pas juste un moyen de transport, c’est un voyage à part entière. À travers la vitre entrouverte, j’ai vu défiler criques secrètes, montagnes dorées et chapelles perchées. Une succession de tableaux vivants qui m’ont laissé un sentiment de plénitude rare.

L’Île-Rousse n’est pas un simple village balnéaire : c’est une expérience sensorielle, intime, presque confidentielle. Ses plages secrètes, sa douceur de vivre, ses paysages méditerranéens encore sauvages ont gravé en moi un souvenir bien plus fort qu’un séjour sous les tropiques. Si vous cherchez un endroit pour vous ressourcer, loin des clichés et des foules, c’est ici que la magie opère.